La Sorcière des Glaces

Le calme régnait
dans ce paysage blanc, aucun bruit ne venait troubler ce paisible havre
de paix. Je faisais danser gaiement les flocons de neige tandis que je
commençais à chanter une douce mélodie. Les flocons valsaient sur le
rythme de ma voix. C’était la morte-saison, enfin si on considère qu’il
y en ait eu d’autre un jour sur ce Mont… Il faut dire, qu’en ces lieux,
les neiges sont éternelles, par conséquent je ne recevais que très
rarement des visiteurs.

Au loin, on distinguait des nuages
menaçants, recouvert de leur noir duvet. Cela ne présageait rien de
bon. Les tempêtes étaient effroyables sur les hauts glaciers et
ravageaient tout sur leur passage.

Mais pardonnez-moi, je
m’égare… Revenons à notre histoire. Ceci c’est passé, il y a plusieurs
siècles, libre à vous de me croire ou non, mais les fais se sont
déroulés tels que je vais vous les conter. Une jeune femme du nom de
Sheenah s’était aventurée dans mes montagnes. Pourquoi ? Comment ? Je
suis confus, je m’emporte, je m’emballe et pour finir, je me perds.
Reprenons depuis le commencement.

Je me présente, je suis
personne, invisible et pourtant je suis partout. Je peux être doux,
silencieux et même indétectable, mais je peux bien au contraire être
impitoyable, destructeur, meurtrier et bien pire que tout ce dont vous
pouvez imaginer. Je suis le vent.

Mon récit commence au pied
de Montagnes de l’Oubli, dans un petit village d’autochtones. Une nuit
de pleine lune, le chef du village à vu naître son premier enfant, une
fille, qu’il baptisa Sheenah. L’accouchement avait été difficile et
éprouvant pour la mère qui décéda quatre jours plus tard. N’ayant pas
de fils pour lui succéder, Fanui décida d’élever sa fille comme un
homme. Le temps passa et Sheenah devint une magnifique jeune fille,
particulièrement douée dans tous les domaines. Elle faisait la fierté
de son père.

Puis arriva le jour de son initiation. Cela
consistait en se que chaque jeunes arrivant dans l’age adulte, aille
chercher son Totem dans la foret.




Le Totem était dans certaine tribu indienne un esprit guide incarné dans un animal.




C’est à ce
moment que tout bascula dans la vie de Sheenah. Elle partit pour la
forêt du sud, où un chaman, habité par un esprit malin et que Fanui
avait banni de la tribu, l’attendait. Quand Sheenah pénétra dans la
forêt, elle ne se doutait pas que sa vie basculerait vers ce qui serait
pire qu’un cauchemar. Oulgat, le chaman, avait une soif intarissable de
vengeance. Il voulait épouser Sheenah afin de devenir le chef de la
tribu et ainsi faire main basse sur le rôle de chef qu’assumait Fanui.
Il avait déjà au par avant demander la main de Sheenah qui l’avait
repoussé. Tapis dans les buissons, il attendait l’heure ou il pourrait
étancher sa soif de vengeance. Quand la jeune fille fut à portée de
tir, il lui lança une fléchette empoisonnée dans le cou. Il sortit de
sa cachette et attrapa Sheenah par le bras :

- De cette
fléchette, tu ne mourras point, mais pire que la mort t’attendra. Tu
seras maudite. Tous ceux que tu aimais périront dans d’atroces
souffrances, les nuits de lune noire tu appartiendras au malin. Tu
seras la servante de Thanos, tu ne trouveras jamais le repos !

Sur
ces mots, il se mit à rire d’un ton à vous glacer le sang. Il lâcha la
pauvre enfant qui s’effondra et perdit connaissance. Quand elle reprit
ses esprits, son cou était encore endolori, elle regarda autour d’elle
et vit deux énormes loups, l’un était aussi noir que le charbon et
l’autre aussi blanc que la neige. Ils étaient gigantesques, leurs
garrots arrivaient aux hanches de Sheenah. Elle comprit immédiatement
qu’il s’agissait de ses guides, et, se rappelant des paroles d’Oulgat,
savait que l’un serait son totem les soirs de lune noire tandis que
l’autre le serait le reste du temps. Désemparée, elle décida de
retourner au village pour confier à son père ce qu’il venait de se
passer.

Elle fit donc route vers son village. Au fur et à mesure
qu’elle avançait, les animaux se taisaient, jusqu’à ce que règne un
silence inquiétant. Puis une odeur de brûlé vint les agresser le nez.
Elle se mit à courir et après quelques minutes qui lui paraissaient
être des heures, elle arriva, accompagnée de ses totems, à son village.
Un paysage de désolation et d’horreur s’ouvrait devant eux : tout était
brûlé, dévasté, les maisons étaient en ruine, certaines étaient encore
en proie aux flemmes, ici et là des corps brûlaient ou étaient
calcinés. Ce qui fut autrefois des villageois jonchait le sol. À la vue
de ce spectacle, la nausée lui monta et elle s’effondra en larmes. Elle
tenait dans ses mains son visage, les deux loups l’entourèrent, comme
pour la consoler.

- Pourquoi ? Pourquoi tout ceci !
- Oulgat en a décidé ainsi, tant que tu vivras les être que tu chéris péririons. Lui dit Lüda, la louve blanche.
- Dans ce cas, je vais remédier à cela !
- Ne fais pas l’impensable, tu trouveras un moyen de conjurer ce sort.
- Nous partons pour les Montagnes de l’Oubli !

Sur
ces mots, ils prirent tous trois la route. Après deux semaines de
marches, ils arrivèrent enfin sur le plus haut glacier des Montagnes de
l’Oubli. Ils y errèrent plusieurs jours, l’un après l’autre, les loups
tombèrent sous l’effet du froid glacial qu’il régnait en ces lieux. Ce
n’est qu’au bout de la deuxième semaine que Sheenah céda au froid à son
tour, mais son esprit ne pu accéder au royaume des morts, de même que
ceux de ses totems. Leurs esprits habitent désormais un corps fait de
glace. Elle erre à présent sur les glaciers de ces montagnes en quête
d’êtres égarés afin de leur voler leurs âmes.

Mais peut être
avez-vous déjà entendu parlé d’elle ? On la nomme la sorcière des
glaces ou encore l’esprit des glaces. Cela ne vous dit rien ? Un
conseil, ne cherchez pas à rencontrer cette dévoreuse d’âme. Je me
retire à présent, je dois faire s’envoler les graines du sud pour
qu’elles donnent naissance à de splendides plantes, mais ne vous y
trompez pas, je suis le vent et j’aurais toujours un oeil sur vous.